Par Colombe Serrand et Cha Toublanc
Dans l’univers masculin et médiatisé de la politique, les femmes sont soumises aux stéréotypes sexistes véhiculés par la presse. Cette violence sémantique existe depuis la nuit des temps. Aujourd’hui, elle est remise en question mais persiste.
« L’amère Khmère verte », « Caligula ou Néron », « comme un enfant »... Jeudi 20 octobre 2022, le compte Instagram Ils abusent grave recensait quelques articles sur la députée EELV et militante écoféministe Sandrine Rousseau. Surnoms ridicules parfois à connotations sexuelles, décrédibilisation permanente du discours, moqueries et mépris, infantilisation, commentaires sur le physique et la façon de s’habiller… Les politiques sont sujettes aux stéréotypes sexistes qu’on associe aux femmes en général. Et lorsqu’elles sont racisées, c’est la double peine. « Les clichés colonialistes se jumellent à la misogynie », affirme Marlène Coulomb-Gully, chercheuse sur les représentations du genre dans les médias.
Elle est également la coordinatrice de la branche française du Global Media Monitoring Project (GMMP), une étude menée à l’échelle mondiale qui recense et dénonce depuis 1995 les stéréotypes de genre dans les médias d’information. Dans son large panel de recherches, Marlène Coulomb-Gully s’est intéressée au traitement médiatique des femmes politiques. La sémantique utilisée par les journalistes français·es révèle un sexisme systémique, ancré et très intériorisé. Les femmes politiques sont mal représentées et restent peu visibles. Seules 17% d’entre elles interviennent dans les médias. Un pourcentage qui a d’ailleurs baissé depuis 2010, où elles étaient 20%.
Dans ce podcast, vous comprendrez que la vision réductrice de la femme politique est vieille comme le monde. Nous avons voulu savoir comment elle s’exprime aujourd’hui, ce que proposent les rédactions pour y remédier et quels sont les obstacles à l’égalité de traitement médiatique. Vous entendrez Marlène Coulomb-Gully, chercheuse en communication politique et sur les représentations du genre dans les médias, Sandrine Rousseau, députée EELV et militante écoféministe victime de harcèlement sexiste, Olivier Faye et Abel Mestre, journalistes politiques au Monde.